Une nuit face au Géant
Chaque passage dans la vallée de Chamonix est une promesse.
Un rituel intime, presque sacré : rejoindre les rives tranquilles du lac des Cheserys.
Un lieu fréquenté, oui, mais dont la magie ne s’efface jamais pour moi.
Il a ce pouvoir rare de me faire sentir à la fois petite et profondément vivante.

Cette année, j’ai voulu aller plus loin.
Ne plus simplement admirer le Géant, mais veiller à ses côtés,
le temps d’une nuit suspendue.

Le sentier démarre à Tré-le-Champ, à travers une forêt apaisante,
puis grimpe doucement jusqu’à l’aiguillette d’Argentière.
Là, le décor bascule.
Les échelles s’ouvrent à nous, scellées à la paroi,
offrant un souffle d’aventure et une pincée de vertige.
Je les aime pour ça : cette tension légère entre le ciel et la terre, ce regard qui s’élargit à chaque barre franchie.

Au sommet, la réserve des Aiguilles Rouges s’étend devant moi.
C’est un royaume sauvage où la vie danse librement.
Des silhouettes surgissent parfois, un chamois, une marmotte, et chaque rencontre me bouleverse.
Voir ces êtres évoluer dans leur écrin naturel, c’est comme recevoir un cadeau, intime, offert par la Terre elle-même.
Puis le lac se dévoile. Toujours ce même choc :
un paysage à couper le souffle, des cimes qui se reflètent dans l’eau immobile, et une lumière qui semble bénir l’instant.
Je me sens minuscule dans cette immensité,
mais à ma juste place.


Il Avant de planter la tente, je m’attarde.
Il y a des règles, et surtout un respect à honorer.
Dormir ici, ce n’est pas occuper, c’est appartenir un instant,
sans laisser de trace.
À l’heure du soir, par chance, nous étions quelques-uns à partager ce havre, mais dans une atmosphère rare de retenue et de calme.
Les voix se faisaient basses, comme si chacun percevait le sacré du lieu.
Je m’installais doucement,
je mangeais, je contemplais,
comme on s’abandonne à un rêve éveillé.
Le temps semblait s’être arrêté autour du lac.
Une paix particulière enveloppait tout.
La nuit tomba, douce, paisible.
Les sons discrets de la nature m’ont bercée,
et dans cette symphonie silencieuse,
je me suis sentie reconnectée, ressourcée, apaisée.

Puis l’aube arriva,
dans une clarté presque irréelle.
Le soleil surgit, teintant les cimes de feu.
La descente fut tranquille,
le cœur encore perché là-haut,
et l’esprit, lui, flottait toujours quelque part dans les nuages.
Vivre, c’est peut-être juste ça :
marcher sans bruit,
s’émerveiller sans raison,
partager un lever de soleil avec un ami,
et sentir, pleinement,
qu’on est exactement là où l’on doit être.

Topo:
📍 Départ : Tré-le-Champ (parking du haut) – entre Argentière et le col des Montets
🎯 Point d’intérêt : Lac Blanc (2 352 m), lacs des Chéserys, panorama sur le massif du Mont-Blanc
📏 Distance : Environ 10 à 12 km (en boucle)
⏱️ Durée : 5h à 6h (hors pauses)
📈 Dénivelé : Environ +900 m / -900 m
🥾 Niveau : Intermédiaire (quelques passages avec échelles)
Itinéraire suivi :
Montée par les échelles (via l’Aiguillette d’Argentière)
- Départ du parking de Tré-le-Champ (1 387 m). Suivre le sentier balisé qui monte à travers la forêt en direction de l’Aiguillette d’Argentière.
- Arrivée à une section avec échelles et câbles : elles ne présentent pas de grande difficulté, mais il faut être à l’aise avec un peu de vide. Panoramas superbes en cours de montée.
- Une fois la montée achevée, vous arrivez dans les alpages et pierriers de la réserve naturelle des Aiguilles Rouges.
- Le sentier traverse ensuite un plateau rocheux, avec vue plongeante sur la vallée de Chamonix, jusqu’aux magnifiques lacs des Chéserys (environ 2 200 m).
Du lac des Chéserys au Lac Blanc
- Le sentier continue ensuite en direction du Lac Blanc, avec une dernière montée courte mais parfois raide, souvent en névés en début de saison.
- Arrivée au Lac Blanc (2 352 m) : panorama exceptionnel sur les Aiguilles de Chamonix, la Verte, les Drus, le Mont-Blanc et son glacier.
Descente par le sentier du col des Montets
- Redescendre par le sentier direct du Lac Blanc à Tré-le-Champ : la boucle passe sous les lacs des Chéserys, via des lacets dans les alpages, moins technique que la montée.
Retour à Tré-le-Champ par le bas, en rejoignant le chemin initial.
Conseils :
- Bivouac autorisé entre 19h et 9h, uniquement au niveau des lacs des Chéserys (zone protégée – respect strict du site, pas de feu, pas de déchets) avec déclaration en amont
- Pas d’eau potable sur le parcours, prévoir suffisamment.
- Meilleurs moments : lever ou coucher de soleil (avec bivouac), automne pour la lumière et le calme.
- Présence de neige possible jusqu’à début juillet au niveau du Lac Blanc.
- La faune locale (bouquetins, chamois, marmottes) est abondante – observer à distance.